Etant donné la transition énergétique du secteur de l’automobile en plein essor sur le niveau mondial, le flux de commercialisation des véhicules respectueux de l’environnement, que ce soit électriques ou hybrides, est très lent sur le marché de l’automobile au Maroc. D’après des statistiques officielles, la part du marché de ce type de véhicules ne représente que la somme minime de 3%. Quelles sont alors les raisons d’un tel retard ?
Le coût cher du véhicule électrique par rapport au véhicule à moteur thermique
Le première facteur est tout à fait évident. En effet, un véhicule roulant à l’électrique coûte beaucoup plus cher qu’un véhicule disposant d’un moteur à combustion interne. Monsieur Adil Bennani, le président de l’Association des Importateurs de Véhicules Au Maroc (AIVAM), a précisé que le consommateur marocain ferait très vite son choix entre un véhicule propre, robuste et confortable et qui coûte au minimum 200 000 DH, et un véhicule classique et polluant vendu à partir de 100 000 DH.
Un taux de vente loin des espérances
De ce fait, et si l’on prend en considération les 175 000 unités neuves vendues au Maroc en 2021, ce qui représente un taux de progression de 5,7% par rapport à l’année antérieure, le taux de 3% des véhicules propres est encore loin des espérances. Cela en prenant en considération un marché qui, certes, a été influencé par la forte pénurie des semi-conducteurs, mais qui reste parmi les marché les plus positionnés et les plus influencés par les marchés européens. Ces derniers représentent un taux moyen de vente des véhicules dits « propre » est de l’ordre de 20%.
D’après les derniers chiffres de l’AIVAM, un peu plus de 4 000 véhicules hybrides en été vendus en 2021 contre seulement 267 unités électriques. Selon Monsieur Adil Bennani, c’est quand même une bonne nouvelle. En effet, en 2020 ce taux n’a pas dépassé 1,5%. Le taux a littéralement doublé. Toutefois la proportion des voitures 100% électriques est encore très basse et même inexistante.
La préoccupation climatique n’est pas un souci !
Autre facteur notable de ce résultat. Le consommateur marocain est faiblement influencé par la situation alarmante du climat mondial. Cette situation est causée, en partie, par les émissions des véhicules classiques. Cela ne changera pas prochainement. Du point de vue du client marocain, le véhicule à moteur thermique reste un choix stratégique et indiscutable. De plus, et toujours selon le président de l’AIVAM, le premier obstacle, mais aussi le plus imposant. L’achat d’une voiture électrique ou même hybride est le prix qui reste, il faut le dire, au-dessus du pouvoir d’achat de la majorité des consommateurs marocains.
Les bornes de recharges : un sérieux problème
Le deuxième obstacle qui empêche l’avancement de ce segment vital du marché de l’automobile est celui de la faiblesse du réseau national des bornes de recharge rapide. En effet, celui-ci ne dépasse pas 80 unités réparties un peu partout sur le réseau routier national.
Toujours selon le même intervenant, la faible autonomie des voitures électrique est un obstacle principal puisqu’elle est de 300 à 400 km seulement. A titre d’exemple, le voyage de Casablanca à Agadir exigera bien une escale pour la recharge au milieu du trajet. Le problème réside dans le fait que les bornes existantes ne sont pas opérationnelles en partie sinon occupées par un autre véhicule. Le président de l’AIVAM lance par la même occasion un appel à redoubler les efforts d’adaptation à ce marché alternatif. Celui -ci s’imposera à coup sûr dans les années à venir. « Bientôt l’offre se réduira, il n’y aura plus de modèle diesel ou essence en vente sur le marché. Et si on n’adapte pas notre infrastructure et notre comportement d’achat rapidement, il ne nous restera que nos yeux pour pleurer », assure-il.
Le début du changement
Il faut savoir qu’actuellement chaque constructeur automobile a son propre agenda de décarbonation. On pourrait dire qu’on va plus vite que prévu. Cela s’explique par l’allure d’évolution des nouvelles technologies et son influence sur l’augmentation progressive de l’autonomie des batteries et la séduction du consommateur mondial par les offres existantes.
Et toujours selon le même intervenant, les constructeurs les plus pessimistes misent sur une décarbonation totale vers 2050 alors que les optimistes, qui sont majoritaires, prévoient la disparition des modèles thermiques entre 2030 et 2035 maximum.
Le rôle de l’Etat
Et si la motivation écologique n’est pas notable dans le choix du consommateur marocain actuellement, le rôle de l’Etat ici est incontournable. Il devrait assumer à coup sûr son rôle de minimiser au maximum la différence des coûts entre les véhicules électriques et les véhicules classiques. Des incitations fiscales ou encore un système bonus-malus écologique mis en place pourraient aussi promouvoir la situation. Ces manœuvres pourraient lancer l’amorçage d’une dynamique qui fera prospérer le marché national des véhicules électriques.
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