Le parc automobile de l’Inde 100% électrique, il s’agit là de l’objectif plus qu’ambitieux que le gouvernement indien s’est donné aux horizons de 2030. Véritable défi pour les constructeurs automobiles, mais aussi et surtout pour le gouvernement qui doit se pencher sérieusement sur la question des infrastructures qui risque de compromettre le projet.
L’inde doit faire face à sa pollution dont les taux deviennent alarmants, l’OMS ayant classé six de ses villes parmi les plus polluées au monde, principale raison qui a poussé le gouvernement indien à s’imposer le défi d’électrifier totalement son parc automobile d’ici 2030. Dans un pays ou chaque année 3 millions de véhicules sont mises en circulation, toutes énergies confondues, des pronostics publics laissent espérer que 6 millions de véhicules électriques pourront circuler dans ses rues d’ici 2020.
Les véhicules électriques moins taxés que les autres
Pour contribuer à faire aboutir son projet et encourager cette tendance, le gouvernement promet de moins taxer les véhicules électriques que les autres, il prévoit également, pour donner l’exemple, d’électrifier sa propre flotte de véhicules. Il se fera ainsi livré 500 premiers véhicules en fin novembre et 9500 autres dans un deuxième lot.
Tata Motors est le principal bénéficiaire de cette commande, le marché l’ayant incité à se lancer dans la fabrication des véhicules électriques, qui plus est, a pu proposer un prix très bas, obligeant ainsi son concurrent Mahindra & Mahindra (M & M) à s’aligner. Ce dernier livrera une partie de ce premier lot ; à savoir 150 véhicules.
Motivés par ce défi, les sociétés ont dû accélérer leurs projets. Tata Motors prévoie de sortir une version électrique de sa petite nano. 400 véhicules aurait d’ores et déjà était commandés par Ola la plateforme de taxi. Mahindra quant à lui souhaite augmenter progressivement sa capacité de production pour arriver à 5000 unités par mois, dans les deux à trois années à venir. Enfin le premier constructeur local, Maruti Suzuki India, projette d’utiliser la technologie de Toyota pour fabriquer des voitures électriques à partir de 2020. Il conte également investir, en partenariat avec Denso et Toshiba, dans une nouvelle usine de batteries de lithium-ion.
Cette dynamique en marche a poussé d’autres firmes comme JSW Energy, dont la voiture n’est pas le cœur du métier à s’intéresser au domaine. Ces derniers seraient en négociation avec Zhejiang Geely, le leader chinois dans le secteur, pour créer ensemble une société dans le secteur des véhicules, des batteries et des solutions de stockage.
Les trois-roues, les rickshaws électriques et les bus ne sont pas en reste, le gouvernement compte lancer prochainement des appels d’offres les concernant. Plusieurs constructeurs seront en compétition sur ces produits; Bajaj Auto, TVS, Piaggio ou encore Mahindra. Ce dernier a sorti son rickshaw électrique e-Alfa Mini durant le mois de septembre et projette d’en produire 1.000 par mois espérant ainsi décrocher le grand lot.
Comment le gouvernement compte pallier aux problèmes des infrastructures et au manque de moyens ?
Bien que ce projet suscite l’intérêt et l’enthousiasme des différents acteurs, il reste néanmoins beaucoup de problèmes auxquels l’inde doit faire face pour gagner son pari. Il faut réussir à faire adhérer le consommateur finale, ceci ne pourra évidement ce faire que via une baisse des prix des véhicules électriques qui restent relativement cher pour le consommateur lambda. Aussi le gouvernement doit assurer la stabilité de l’alimentation électrique, souffrant encore de plusieurs coupures, la disponibilité des points de recharge des batteries qui si on croit le rapport de Bloomberg New Energy Finance, ne dépassent pas les 350 points, ce qui reste très insuffisant si on le compare par exemple aux 215.000 points qu’on trouve en chine.
L’inde doit également faire face à son manque de moyens pour développer son réseau de stations de recharge et financer les subventions des constructeurs, à l’instar de ce qui se fait de par le monde. En effet les véhicules électriques bénéficient en moyenne de 30 à 40 % de subvention. Les chinois par exemple ont pu bénéficier de fonds de différents gouvernements régionaux, ce qui n’est pas le cas de l’inde.
Des batteries pré-chargées, attention à l’impact écologique
Pour pallier au problème de stations de recharge, l’une des pistes du gouvernement serait de mettre en place des consignes de batteries. Ces derniers seraient commercialisés dans les stations-service. Les voitures électriques n’auraient qu’à s’y rendre pour échanger leur batterie déchargée contre une autre pré-chargée, comme on y va pour mettre du gasoil.
Néanmoins, les experts du secteur restent sceptiques à cette solution qui non seulement ne permettrait pas de faire l’économie des infrastructures, mais exigerait selon eux une grande maturité technologique, si on veut faire face à un usage collectif exigeant un management délicat. Autre souci majeur serait l’impact écologique, en effet selon le patron de Mercedes-Benz, ces nouvelles batteries de lithium-ion sont très toxiques et doivent donc absolument être recyclées, un processus exigent et très couteux qui risque d’entraver la mise en place de ce genre de solutions.
Bien que le projet d’électrification des véhicules du sous-continent soit ambitieux, beaucoup de questions restent en suspens et seuls les avancées technologiques et une volonté commune pourraient apporter les réponses. D’ici là saluant cette initiative, plus qu’urgente et croisant les doigts pour que l’inde réussisse son pari.